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l’Humanité
Amérique latine. L’Argentine toujours dans les griffes du FMI
Article mis en ligne le 29 mai 2020
dernière modification le 28 mai 2020

Le président Alberto Fernandez est engagé dans d’âpres négociations avec les créanciers du pays. Objectif : obtenir, dans un contexte de grave crise économique, la restructuration d’une partie de la dette souveraine.

Buenos Aires s’accorde encore un délai supplémentaire dans les négociations avec ses créanciers pour renégocier 66 milliards de dollars sur sa dette souveraine, qui dépasse les 320 milliards de dollars (91,6 % de son PIB). En fait, l’Argentine est déjà, techniquement, en défaut de paiement, le neuvième de son histoire, puisqu’elle n’a pu honorer, vendredi, une échéance de 500 millions de dollars portant sur le remboursement d’intérêts, mais le président de centre gauche, Alberto Fernandez, se donne jusqu’au 2 juin pour aboutir à un accord sans aller jusqu’à déclencher « l’artillerie du défaut ».

Les créanciers, eux, se montrent inflexibles : ils refusent jusqu’ici l’offre du gouvernement argentin, qui propose aux détenteurs d’obligations un échange contre de nouveaux titres avec un délai de grâce de trois ans sans paiement, une réduction de 5,4 % sur le capital et de 62 % sur les intérêts.

Après deux ans de récession, le pays traverse une très mauvaise passe (...)

avec une inflation dépassant les 53 % l’an dernier et une explosion de la pauvreté, qui frappe désormais plus de 35 % de la population. Dans ce contexte, les mesures précoces prises par le gouvernement pour faire face à la pandémie de Covid-19 et soutenir, dans cette crise sanitaire, les populations les plus fragiles (construction de huit hôpitaux d’urgence modulaires, augmentation des aides aux familles pauvres, aux retraités, aux chômeurs et aux femmes enceintes sans ressources financières, plafonnement des prix des médicaments et de 50 catégories de produits de première nécessité, appui financier aux PME) pèsent sur un budget que le FMI préférerait austéritaire. C’est que le Fonds est l’un des principaux créanciers de l’Argentine, avec le prêt de 57 milliards de dollars contracté en 2018 par le précédent président conservateur Mauricio Macri.

Dans la société civile, des voix s’élèvent pour exiger un audit populaire propre à identifier la part illégitime de cette dette colossale. L’économiste Julio Gambina, fondateur d’Attac Argentine, soutient cette démarche. (...)