
Chaque matin, plusieurs centaines de migrants se rassemblent, dans l’espoir d’obtenir une place d’hébergement à laquelle ils ont droit. Le réseau d’accueil est saturé depuis des mois.
Les mois s’enchaînent et la situation empire. En plein cœur de Bruxelles, les files d’attente s’étirent toujours plus, le long du « Petit-Château », le centre d’accueil pour les demandeurs d’asile. A droite, les familles et les mineurs étrangers non accompagnés patientent sans masquer leur inquiétude, même si la plupart seront hébergés. A gauche, la file des hommes, parmi lesquels figurent de nombreux Burundais, Afghans, Yéménites ou Palestiniens, suit le mur en briques du bâtiment, bifurque et s’étend sur plusieurs dizaines de mètres. Eux n’osent plus vraiment espérer.
Cela fait des mois que ces migrants se voient refuser l’accès du centre d’accueil. « Il est pourtant illégal de ne pas accorder une place à un demandeur d’asile. L’aide matérielle, et donc l’hébergement, est un droit », rappelle Helene Asselman, de l’organisation flamande Vluchtelingenwerk Vlaanderen. (...)
Le 21 janvier, le tribunal de première instance avait condamné l’Etat belge et l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil), à payer une astreinte de 5 000 euros par jour pour le cas où « au moins une personne ayant présenté une demande de protection internationale et souhaitant mettre en œuvre son droit à l’accueil se le sera vu refusé ». Le réseau d’accueil est saturé depuis des mois, malgré ses 31 433 lits et l’ouverture erratique de places d’urgence. Les astreintes n’ont pas été payées.
« Moi, je ne me sens plus vraiment humain »
Avec l’aide d’avocats, les aspirants réfugiés se tournent régulièrement vers la justice et introduisent des requêtes unilatérales. Chaque fois, ou presque, le tribunal ordonne à Fedasil de trouver une solution d’accueil. L’agence fédérale a reçu plus de 2 000 condamnations. Pourtant, cela ne change pas grand-chose. (...)
« Pour les Ukrainiens, des places d’urgence et des villages d’accueil ont été rapidement installés. Cela montre que toutes les options ne sont pas exploitées pour résoudre la crise de l’accueil », déplore Helene Asselman. (...)