
Quarante personnalités exhortent, dans une tribune au « Monde », la Pologne à rester dans l’Union européenne, alors que le président Kaczynsky l’éloigne peu à peu de la démocratie.
M. Jaroslaw Kaczynsky met en danger la Pologne. Député à l’Assemblée nationale polonaise (la Diète), leader du parti vainqueur aux dernières élections, il s’attaque aux fondements même de la démocratie. Il fait voter un ensemble de lois qui portent atteinte au bon fonctionnement des institutions polonaises créées suite au démantèlement du système communiste et à l’entrée dans l’UE : réforme du Conseil constitutionnel ; étatisation des médias publics sous la mainmise de son parti ; assujettissement des services spéciaux ; mise sous la tutelle du ministre de la Justice devenu procureur général, de tous les procureurs, de la nomination des juges et maintenant, réforme du Conseil national de la Magistrature (KRS) et de la Cour suprême.
Si ces réformes judiciaires aboutissent, le parti Droit et Justice (PiS) concentrera tous les pouvoirs, situation inouïe dans un Etat démocratique, et M. Kaczynsky deviendra l’homme politique le plus puissant de Pologne. Il aura reconstruit un Etat-parti comme à l’époque des communistes.
L’élection d’une majorité dirigée par son parti sur un programme national-conservateur répondait sans doute aux aspirations d’une partie de la société. Elle avait été déçue par les gouvernements précédents et se montrait inquiète de l’instabilité régionale – en Ukraine –, ou de l’afflux des migrants présentés comme des islamistes. Mais ce parti n’avait pas été mandaté pour détruire la démocratie polonaise. Or, c’est ce qu’il fait.
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