Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
les soulèvements de la terre
Pourquoi les Soulèvements de la terre appellent à faire la « Guerre à la Guerre »
#guerres #capitalisme #armement #repression
Article mis en ligne le 16 juin 2025
dernière modification le 15 juin 2025

Dans la propagande gouvernementale, il est chaque jour question « d’économie de guerre », de « sécurité », de « menace », et de « réarmement ». Dans ce contexte, les Soulèvements de la terre se joignent à la coalition « Guerre à la Guerre » pour appeler à une mobilisation le 21 juin prochain, contre le salon d’aviation militaire du Bourget. Ce texte déplie les raisons profondes qui motivent notre participation à cette initiative.

La France et la logique de guerre

Le discours médiatique et gouvernemental ambiant sur le « retour » de la guerre, omet que celle-ci, pour de nombreux peuples, n’a jamais vraiment cessé. Cette prétendue « nouveauté » fait généralement bien peu de cas de la longue histoire du génocide en cours à Gaza, de l’interminable conflit armé et de toutes ces guerres qui persistent au Soudan, dans le Sahel, au Yémen, etc.

La France n’a jamais rompu avec son héritage colonial. Elle ne se distingue pas dans ces nombreux conflits par une quelconque « stature morale » ou une « défense acharnée des droits humains ». Et pour cause, les guerres, mêmes les plus lointaines, se fabriquent près de chez nous. La France est le deuxième exportateur d’armes au monde(1). La prolifération des conflits armés est pour elle un business lucratif. (...)

La logique de militarisation infuse aussi, depuis longtemps déjà, sur le « territoire national » où se renforce un continuum sécuritaire armée/police/frontière (6). Celui-ci vise « l’ennemi intérieur » : les étranger·es, les musulman·es, les déviant·es, les opposant·es politiques. En témoignent les mort·es aux frontières de l’Europe, les tanks envoyés contre les révolté·es solidaires de Nahel, les crimes coloniaux en Kanaky, les pluies de grenades à Sainte-Soline ou sur les derniers mouvements sociaux. Ce sont les mêmes entreprises qui fabriquent les armes de guerres et celles du « maintien de l’ordre ». Le gouvernement compte sur leurs « innovations » pour faire face aux contestations. (...)

Leurs guerres contre la terre

Les guerres – la prise militaire des terres et l’asservissement armé des populations qui les habitent – sont un levier historique du déploiement du capitalisme fossile. Elles sont l’instrument et le moteur de l’extractivisme effréné et de l’accaparement de l’eau, du pétrole, du gaz, des minerais et des terres agricoles. Les destructions massives engendrées par les conflits armés représentent un commerce juteux pour les marchands d’armes et de béton. La guerre est rentable. (...)

Les reconfigurations géo-politiques en cours marquent une nouvelle étape de ce processus de pillage. De la Cisjordanie aux pays baltes, du Congo au Groenland, l’intensification de la catastrophe climatique et la raréfaction des ressources débrident encore les desseins expansionnistes des plus grandes puissances militaires. La croisade internationale des élites mondiales pour renforcer leur niveau de vie et leurs profits, en dépit de l’effondrement écologique manifeste, est un motif essentiel des guerres d’aujourd’hui. C’est dans ce contexte qu’en Occident, une cohorte de milliardaires redouble d’efforts pour mettre au pouvoir des régimes autoritaires. (...)

Les reconfigurations géo-politiques en cours marquent une nouvelle étape de ce processus de pillage. De la Cisjordanie aux pays baltes, du Congo au Groenland, l’intensification de la catastrophe climatique et la raréfaction des ressources débrident encore les desseins expansionnistes des plus grandes puissances militaires. La croisade internationale des élites mondiales pour renforcer leur niveau de vie et leurs profits, en dépit de l’effondrement écologique manifeste, est un motif essentiel des guerres d’aujourd’hui. C’est dans ce contexte qu’en Occident, une cohorte de milliardaires redouble d’efforts pour mettre au pouvoir des régimes autoritaires. (...)

Des luttes écologistes au complexe militaro-industriel (...)

– Ce que nous nommons complexe agro-industriel correspond à l’adaptation des technologies militaires à des fins agricoles, après 1945. Celle-ci, avec la généralisation de l’agro-chimie et la course à la mécanisation, a joué un rôle crucial dans la destruction de la classe paysanne et de la biodiversité (7). Aujourd’hui, il est même question d’un complexe « agro-militaire » israélien pour désigner l’enchâssement des politiques agricoles et militaires en contexte colonial (8).

– Avant de décrire le processus global de destruction de la planète, le concept d’écocide fut originellement forgé pour décrire la destruction massive des forêts et mangroves par les bombardements et l’agent orange pendant la guerre du Vietnam (9) (...)

Les essais nucléaires de la France, ont empoisonné des populations et ravagé des milieux, dans le désert algérien et l’archipel polynésien. Ces territoires en subissent encore les conséquences sanitaires et environnementales. (...)

Face à cette imbrication entre le complexe militaro-industriel et les infrastructures qui ravagent la terre, nous devons repenser aujourd’hui l’articulation entre nos résistances écologiques locales et la lutte internationale contre les guerres impérialistes. Quand nous luttons contre l’entreprise ST Micro-electronics à Grenoble en mars 2025, nous nous opposons ainsi dans un même geste à l’accaparement de l’eau, à son intoxication, et à la fabrication de composants électroniques qui finissent entre les mains des armées israéliennes et russes.(10) Quand nous visons des sites Lafarge-Holcim, multinationale en procès à l’automne pour financement du terrorisme, nous visons à la fois les acteurs de l’artificialisation en France et un grand prédateur de guerre au Moyen Orient.

Apprendre des anti-impérialismes et des anti-fascismes (...)

La coalition Guerre à la guerre regroupe notamment Urgence Palestine, Tsedek, Survie, le Collectif Sans Papiers 75, Vietnam Dioxine, la Marche des Solidarités, l’Assemblée féministe Paris-Banlieue, Désarmons-les, des comités étudiants pour la Palestine, Réseau Vérité et Justice, etc. De la Palestine à la françafrique en passant par la répression aux frontières ou aux impacts de la chimie de guerre, tous sont en prise avec les aspects les plus destructeurs du complexe militaro-industriel à l’international, ainsi qu’à ses déclinaisons sur le territoire français.

A l’échelle mondiale, les champs de conflits et d’alliances entre blocs autoritaires se reconfigurent mais les guerres perdurent. A l’intérieur des Etats, en France comme ailleurs, les forces réactionnaires sont à l’offensive. Dans l’histoire, les menaces de guerre ont alimenté la montée du fascisme. Et celui-ci a systématiquement été l’initiateur de guerres impéralistes. Ne laissons pas un gouvernement français, déjà indirectement inféodé à l’extrême doite, utiliser la rhétorique de la guerre pour nous faire croire qu’il va nous protéger. Ne les laissons pas nous diviser et faire croire que la condamnation la plus ferme du génocide en Palestine ou de l’islamophobie en France équivaut à cautionner l’antisémitisme. La menace internationale que représentent Trump ou Poutine est réelle. Mais le danger est bien aussi incarné ici par Retailleau, Darmanin, Bolloré ou Bardella. Leur tenir tête, tout en se donnant les moyens de solidarités internationales, nécessite de renouveler ici les liens au sein du camp écologiste, syndical, féministe, anti-raciste et anti-fasciste. Il n’existe pas de meilleur moyen pour cela que l’action commune.

Ni pacifisme, ni union sacrée

« Guerre à la guerre » fut le cri de Rosa Luxembourg et de Jean Jaurès à la veille de la grande boucherie de 14-18. La formule condense aujourd’hui le paradoxe qui nous travaille : nous sommes contre la logique même du complexe militaro-industriel, mais nous assumons qu’en Palestine, en Ukraine ou ailleurs, les peuples ne peuvent toutefois pas se défendre sans arme face aux invasions impéralistes, coloniales, ou aux dictatures qui les écrasent. Les possibilités d’auto-détermination populaire, dont nous sommes solidaires, tiennent aux moyens très concrets de faire face aux guerres. Elles relèvent d’une urgence permanente à trouver des appuis divers, autant que faire se peut par le bas, aux besoins de la résistance. Elles inventent et maintiennent des équilibres précaires entre les nécessités de la lutte armée et l’idéal de la souveraineté populaire, entre les dynamiques de la militarisation et celles de l’émancipation.

Depuis la France, notre engagement face au complexe militaro-industriel chemine sur une ligne de crête : ni opposition morale de principe à toute guerre en s’exonérant de prendre parti dans les conflits en cours ; ni ralliement à l’union sacrée derrière « notre » État-nation, inaction face à la course à l’armement et acceptation passive des sacrifices qu’il veut nous imposer en son nom. (...)

Guerre à la guerre dès le 21 juin au Bourget

La coalition « Guerre à la guerre » appelle à une première action commune à l’occasion du salon de l’aviation militaire au Bourget, le 21 juin prochain, où la présence de sociétés militaires israéliennes à été confirmée par Macron, entre autre ventes d’armes aux pires régimes de la planète. Nous nous y joignons parce que nous refusons de rester spectateurs·ices face à la reprise intense des bombardements sur Gaza et aux plans de déportation de la population palestinienne ; parce que nous refusons d’être réduit·es à l’impuissance face à l’offensive anti-sociale et anti-écologique menée au nom de l’économie de guerre ; parce que nous refusons qu’aux portes de Paris s’opèrent des transactions mortifères entre complices de génocides et de crimes de guerre. Contre la marche forcée de l’économie de guerre et face au génocide en Palestine, nous serons là.