
(...) Oui, deux nouveaux cas viennent d’être repérés et dénoncés par les associations cette semaine. Mardi, une famille arménienne — grands-parents, mère et enfants (six mois et deux ans) — a été enfermée dans le centre de rétention administrative (CRA) de Metz. Le père était absent lors de leur interpellation à leur domicile en Lorraine.
Conduits le lendemain matin à l’aéroport de Roissy pour leur expulsion, ils ont refusé d’embarquer et ont été transférés au CRA du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) pour une deuxième nuit en rétention. Selon la Cimade, association d’aide aux migrants, cette famille devait être ramenée sous escorte policière à Nancy ce jeudi.
Autre cas, tout récent lui aussi : « Mercredi, une autre famille a été enfermée au CRA de Metz, dénonce Richard Moyon, porte-parole de RESF (réseau éducation sans frontière). Pourtant, les parents sans-papiers étaient volontaires pour quitter le territoire... Ce qui veut dire que même quand une famille ne s’oppose pas à son expulsion, elle n’est pas à l’abri d’être placée en rétention. »
Le 28 septembre dernier, un couple afghan demandeurs d’asile et leurs deux enfants avaient aussi été placés en rétention, suscitant une forte mobilisation des associations d’aides aux migrants et même une intervention du défenseur des droits, Dominique Baudis. La famille a été enfermée une journée et une nuit complète avant d’être libérée et assignée à résidence dans un hôtel. (...)
La circulaire présente deux grosses lacunes, selon la Cimade. D’abord, et ce n’est pas rien, elle ne s’applique pas à Mayotte, qui est pourtant un département français. « D’après les derniers chiffres, 5389 enfants ont été placés en rétention à Mayotte en 2010, rappelle David Rohi, en charge de la commission éloignement à la Cimade. Les conditions de rétention sont vraiment insupportables, le CRA de Mayotte n’est pas du tout aux normes et n’est pas adapté à l’accueil des familles. » Pourquoi ce département est-il exclu du champ d’application de la circulaire ? « Le contexte migratoire y est très spécifique, un tiers de la population est en situation irrégulière. Vraiment, la situation n’est en rien transposable à celle que l’on trouve sur le territoire métropolitain. Notons aussi que la durée moyenne de rétention à Mayotte n’est que de huit heures », répond le cabinet de Manuel Valls.
Sarah Belaisch de la Cimade pointe un autre problème, lié à la nature même du texte : « Par définition, une circulaire n’a pas de force contraignante, cela ne vaut pas un texte de loi. » Un projet de loi sur l’immigration est en préparation au ministère, peut-être que l’engagement de François Hollande sur l’enfermement des mineurs y figurera.