
Le protocole sanitaire recommandé par le gouvernement dans les bureaux de vote est dramatiquement insuffisant. Alors préparons-nous.
Le 10 avril prochain marque le premier tour de l’élection présidentielle française. Celle-ci survient après un mandat dont près de la moitié aura été marquée par la pandémie de Covid-19. Elle survient également dans un contexte épidémique assez peu réjouissant malgré les yeux détournés de nos gouvernants et la lassitude de la population et de bon nombre de médecins hospitaliers, qui en viennent à négliger les risques de Covid long, de formes graves et de nouvelles mutations virales. (...)
Nous écrivons ces lignes le 3 avril 2022. S’il est possible qu’aujourd’hui nous atteignons le pic de cette nouvelle vague due au sous-variant BA.2 d’Omicron, en revanche le faible nombre de tests pratiqués nous invite à penser que la réalité est largement sous-estimée. (...)
Le protocole sanitaire annoncé par le gouvernement dans les bureaux de vote nous semble bien léger. Comment ne pas évoquer les élections municipales de mars 2020 où la protection des assesseurs et des votants avait été plus que négligée, alors que le pays s’apprêtait à être confiné pour la première fois ? N’a-t-on donc rien appris de cette pandémie ?
Résumons ce qui est prévu pour dimanche prochain :
- Aucun pass sanitaire/vaccinal ne sera demandé ni aux assesseurs ni aux votants à l’entrée des bureaux de vote, et ainsi aucune preuve de vaccination ni de test négatif.
- Aucune jauge ne sera mise en place.
- Le masque ne sera pas obligatoire. Il est simplement recommandé aux personnes immunodéprimées et/ou à risque de forme grave, aux aidants, aux personnes symptomatiques, cas contact et aux personnes testées positives.
- Les personnes se sachant positives au Covid-19 pourront aller voter.
Dans la mesure où l’on sait désormais que la quasi-totalité des transmissions se fait par voie aéroportée (postillons mais surtout aérosols en milieux clos et mal ventilés) et que de la quantité de virus à laquelle une personne est exposée, que l’on appelle la dose virale infectante, dépend la gravité de l’infection et possiblement la survenue de Covid longs, nous craignons en particulier pour la santé des assesseurs qui passeront de longues heures dans un environnement faiblement sécurisé. (...)
Si des masques chirurgicaux devraient être mis à disposition dans les bureaux de vote, leur caractère non obligatoire rendra leur port plus qu’aléatoire, réduisant la protection des personnes venues voter et surtout des assesseurs. A minima, on aurait aimé que des masques de type FFP2 soient fournis à ces derniers, ainsi qu’à toutes les personnes qui reviendront le soir pour aider au dépouillement. (...)
Pourquoi un tel manque de préparation ?
Idéalement, on se serait attendu à ce que le port du masque soit rendu obligatoire à l’entrée des bureaux de vote –rappelons qu’il l’est encore dans les établissements de santé ainsi que dans les transports en commun. Porter le masque n’est pas quelque chose de discriminant pour accéder au vote et c’est finalement un geste très simple eu égard à ses bénéfices.
Une promotion et une facilitation du vote par procuration auraient pu être mises en place au moins pour les personnes positives au Covid-19 et les personnes vulnérables. En effet, à ce jour, il est toujours nécessaire de se déplacer au commissariat pour faire valider son identité ce qui oblige à rompre l’isolement ou la quarantaine. (...)
nous avons dépassé depuis longtemps la phase de sidération face au virus et à la pandémie, et nous savons désormais les difficultés à prévoir son évolution. Pourquoi ne pas avoir pensé les élections en contexte de forte circulation virale ?
Nous avons du mal à comprendre ce manque de préparation alors qu’une multiplication de cas entre les deux tours au sein des personnes ayant participé au vote pourrait se retourner en une erreur politique majeure. (...)
La mise à disposition de gel hydro-alcoolique et de matériel (stylos, urnes, isoloirs) nettoyé de manière fréquente au cours du scrutin ne distrait-elle pas de la mise en œuvre de vraies mesures de prévention de la transmission par voie aérosol du coronavirus et de la grippe (qui elle aussi flambe actuellement sur le territoire métropolitain) ? (...)
Reste aussi que tous les lieux de vote ne disposent pas de fenêtres ou de moyens d’aération suffisants. Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir prévu de s’équiper en purificateurs d’air dotés de filtres HEPA ou de dispositifs équivalents ? (...)
Quelques conseils malgré tout
Aujourd’hui, il incombe aux personnes les plus fragiles et celles qui les entourent de se protéger car elles ne peuvent désormais compter que sur elles-mêmes pour s’assurer de leur sécurité sanitaire.
Alors, si nous avons un message à faire passer aux votants et aux assesseurs, ce serait de porter un masque (FFP2 pour les assesseurs) pour se protéger mais aussi pour protéger les personnes les plus vulnérables et qu’elles ne soient pas stigmatisées en étant les seules à être masquées.
Alors, nous ne pouvons que recommander aux assesseurs particulièrement vulnérables, notamment non triplement vaccinés ayant des comorbidités ou immunodéprimés, de passer leur tour pour encadrer ce scrutin.
Aux autres assesseurs, nous recommandons donc :
- De porter un masque FFP2 en continu.
- De s’équiper d’un capteur de CO2 si le bureau de vote n’en a pas.
- De privilégier repas et pauses café uniquement si la concentration de CO2 est inférieure à 600ppm ou sinon à l’extérieur.
- D’ouvrir fenêtres et portes autant que possible, pour maintenir une concentration de CO2 toujours au-dessous de 800ppm. (...)
Nous enjoignons les personnes positives au Covid, ainsi que toutes celles qui ont des symptômes évocateurs le jour du scrutin et qui se déplacent néanmoins, de porter un masque FFP2 et de ne pas le retirer. Et à tous de ne pas trop s’attarder sur place. Faisons en sorte que ce scrutin se passe le mieux possible et qu’il ne crée pas une nouvelle flambée des indicateurs.