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l’Humanité
Une femme est morte au travail, en bord de piste, à l’aéroport de Roissy
Article mis en ligne le 5 juillet 2022

Employée par la société de nettoyage Ladybird, une agent de nettoyage est décédée percutée par un véhicule de transport de passager sur une des pistes du terminal T3 de l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, ce dimanche. Les mauvaises conditions de travail sous-tendues par un sous-effectif criant sont pointées par les syndicats.

« Elle avait 55 ans et elle est morte sur le coup ». Les circonstances du drame ne sont pas encore très claires mais ce qui est certain est qu’une agent de nettoyage a perdu la vie sur son lieu travail, ce dimanche, à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle. (1)

« L’accident a eu lieu à 14 h 40 », nous précise une des nombreuses sources que nous avons pu joindre pour corroborer l’information relayée d’abord sur un compte Twitter spécialisé dans le recensement des accidents du travail mortels en France (« Accident du travail : silence des ouvriers meurent »).

En quelques lignes laconiques, la CGT Roissy Aéroport-CDG a par la suite confirmé sur le même réseau social le décès de l’employée de Ladybird (1), société sous-traitante du Groupe ADP – anciennement Aéroports de Paris – spécialisée dans les services de nettoyage avion et armement des cabines, « percutée par un véhicule de débarquement de passagers sur la piste parking avion R11, au terminal T3 ». (...)

« La conséquence de ce que nous dénonçons depuis longtemps »

La ZEC, c’est la « zone d’évolution contrôlée », ce périmètre situé autour des aéronefs en phase de stationnement et soumis à une réglementation ainsi qu’à des procédures d’accès et de circulation très strictes. Les témoignages divergent quant à la possibilité d’une erreur commise par l’employée décédée : se trouvait-elle sur une voie de circulation ou aurait-elle bien respecté le balisage de sécurité ? Le chauffeur mis en cause a déjà été auditionné et l’enquête de la gendarmerie en cours révélera peut-être bientôt tous les détails de l’accident, mais ce qui est certain c’est que le tragique événement a peu surpris auprès des syndicalistes de la plateforme aéroportuaire. (...)

« Dans nos revendications il n’y a pas que l’argent : il y a aussi la question des embauches parce que les conditions de travail sont dégradées ; les conditions de sécurité ne sont pas respectées… » ajoute celui qui a pris une part active aux mobilisations qui ont fortement perturbé le trafic aérien le week-end dernier. (...)

Appelés à se mobiliser par l’ensemble des syndicats de l’aéroport, des centaines de salariés de sous-traitants de compagnies aériennes et des salariés de grands groupes – comme ADP (anciennement Aéroports de Paris) et Air France – s’étaient effectivement mis en grève pour la deuxième fois en moins d’un mois, ce 1er juillet 2022, pour exiger notamment une hausse de 300 euros des salaires. « Le drame survenu ce dimanche ne fait que confirmer ce que l’on craignait », ajoute-t-il. (...)

Des conditions de travail « propices à générer des accidents » (...)

«  La moyenne nationale du taux d’accidents du travail est de 3 à 4 % de la masse salariale, mais chez nous – pour les agents de piste – ça dépasse les 20 %. C’est énorme. Les employeurs payent de très fortes amendes à la Sécurité sociale, mais ils préfèrent payer ça plutôt que d’embaucher, ça leur revient moins cher », assure-t-il. (...)

Aujourd’hui, avec des niveaux d’activité pratiquement revenus à ceux de 2019, les effectifs ne seraient pas à la hauteur des besoins avec une insuffisance «  de 15 % à 20 % dans des secteurs comme la sûreté, les bagages, la propreté, le transport de personnel », selon les affirmations du secrétaire général de la Fédération CGT Transports, Fabrice Michaud. (...)

« Tout est fait à la va-vite, on veut des agents qui reviennent au moindre coût possible, et opérationnels le plus vite possible. Ça ne peut pas fonctionner. Il y a des problèmes de recrutement car les salaires sont trop bas, parfois en dessous du Smic. Ça n’intéresse plus personne de venir travailler ici », martèle-t-il.

Il remarque que le véhicule de l’entreprise impliqué dans l’accident mortel ne serait pas adapté à la mission confiée, la cabine du conducteur ne permettant pas une bonne visibilité sur la piste. (...)

Début avril, la société Ladybird, lançait une compagne de recrutement pour le poste d’« agent de nettoyage avion » pour des contrats CDD 6 mois. Le même poste qu’occupait la salariée mortellement accidentée. Rémunération proposée – actualisée en juillet : 1 645 euros bruts, soit le Smic, contre l’obligation d’ « être disponible H24 » avec travail les samedis et dimanches, sur base d’une planification mensuelle. Mourir au travail, pour un Smic.