
A Barcelonette 18 migrants ont été expulsés lundi matin. 15 autres le seront mercredi ou jeudi. Consternation. La procédure « Dublin » s’est accélérée dans le week-end. Les bénévoles de Solidaritat Ubaye sont atterrés et deux d’entre eux ont entamé une grève de la faim.
En son temps le ministre Cazeneuve promettait qu’aucune mesure coercitive ne serait prise à l’encontre des migrants accueillis en CAO, Centre d’accueil et d’orientation. Après lui le président Macron a parlé de « l’honneur et la plus grande humanité » à apporter à la « gestion » des migrants. Hier à Barcelonnette la réalité n’a eu d’humain que les larmes, la colère et désarroi de la déchirure, alors que 18 migrants expulsés embarquaient dans un bus. Destination : le centre de Champtercier, près de Digne, avant d’être renvoyés en Italie dans le cadre du règlement « Dublin ». Les bénévoles de Solidaritat Ubaye étaient là pour des applaudissements en guise d’adieux, rejoints par Pierre Martin-Charpenel, maire de Barcelonnette et Jean Ferron, maire de Val d’Oronaye. Demain ou jeudi, 15 autres migrants seront sur le départ pour transiter par Gémenos, avant de suivre un même chemin d’incertitude vers l’Italie, qui fait face à une crise d’afflux ingérable.
Ces migrants qui ont appris le français et se sont parfaitement intégrés à la vie locale grâce à un formidable élan de solidarité, doivent faire place nette, sans jamais avoir été entendus par aucune instance. Dans la soirée d’hier était attendue l’arrivée, via Paris, de 20 nouveaux migrants afghans et soudanais, qui par l’entremise de cette politique froide de vases communicants, rependront certainement dans quelques mois leur route d’exil sans fin, comme ceux qui les ont précédés. Comment les bénévoles atterrés, épuisés, pourront-ils s’impliquer à nouveau pour revivre une même histoire tragique ?
En mai dernier ils appelaient à la mobilisation, interpellaient les services de l’Etat et les élus pour la protection de 6 demandeurs d’asile. Leur pétition a recueilli 2500 signatures. La semaine dernière l’association restée sans réponse relançait son cri de solidarité pour s’opposer à l’expulsion de 11 migrants, dénoncer une application répressive et aveugle de la de la directive « Dublin » (...)