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l’Orient, le Jour
Quand le soleil se lèvera, Beyrouth, ma ville, n’existera plus
Article mis en ligne le 5 août 2020

Quand le soleil se lèvera, Beyrouth, ma ville, n’existera plus. Dans la nuit d’hier, des sirènes d’ambulance et le crissement des bris de verre étaient les seuls bruits qu’on entendait dans la ville.

Hier, assise à moto derrière un homme que je ne connaissais pas et qui était sorti pour aider ceux qui en ont besoin, je fermais les yeux pour les protéger des bris de glace. Ma ville n’existe plus.

Du centre-ville à Gemmayzé jusqu’à Mar Mikhaël en passant par Saïfi et le port, il n’y a plus que des squelettes d’immeubles en béton ou en acier, le reste a volé en éclats. En certains endroits, la structure en acier a fondu.

Une destruction digne d’un film de fiction. Plus rien. (...)

Il ne reste plus rien de la ville que ses habitants, qui ont appris à survivre, ou vivoter, ou à être résilients. (...)

Tard dans la soirée d’hier, des personnes aux vêtements ensanglantés se rendaient encore dans des bâtiments branlants de Mar Mikhaël et Gemmayzé, des quartiers aux immeubles complètement soufflés où des pans de murs se sont écroulés sur le sol.

Dans la nuit d’hier, il était difficile de se déplacer à Gemmayzé et à Mar Mikhaël, les troncs d’arbre, les bris de verre, les fils électriques jonchent le sol. Dans ces quartiers, de nombreux bâtiments datant du XIXe siècle se sont complètements écroulés. (...)

À EDL, un hôpital de camp a été dressé. Un peu plus loin, un soldat trébuche. Il a du mal à se lever dans l’obscurité malgré l’aide de ses amis. Des femmes du troisième âge, blessées, sont transportées sur des chaises vers des ambulances. (...)
Hier jusqu’à tard en soirée à Beyrouth on entendait le bruit du verre brisé. Ceux qui ne cherchent pas leurs bien-aimés, ceux qui n’ont pas été blessés, se sont mis à nettoyer les débris de verre jonchant les entrées de leurs immeubles.

Devant les hôpitaux, de nombreuses personnes attendaient encore pour avoir des nouvelles de leurs proches, alors que les ambulances transportant morts et blessés roulaient, sirènes hurlantes, à travers la ville.

Il ne reste rien à Beyrouth. Plus rien. Et quand le soleil se lèvera, nous constaterons que la ville n’est plus.

Lire aussi :

Scènes d’apocalypse à Beyrouth

Mardi, deux explosions dans le port de Beyrouth ont ravagé une partie de la ville. Elles se sont produites dans un entrepôt contenant environ 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium. Après la crise économique et sanitaire due au Covid-19, le Liban doit fait face à une nouvelle catastrophe. (...)

Un bilan non définitif du ministère de la santé mardi soir a fait état d’au moins 70 morts (plus de 100 selon la Croix-Rouge) et de plus de 3 000 blessés. Une journée de deuil national a été annoncée mercredi par le gouvernement. (...)

Selon les autorités libanaises, un incident dans un entrepôt contenant environ 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées depuis six ans serait en cause. Aucune explication n’a toutefois été donnée quant à la raison de la présence d’une telle quantité de substance explosive dans ce port commercial, à proximité d’habitations.

« Je vous promets que les responsables de cette catastrophe en paieront le prix », a déclaré le premier ministre Hassan Diab dans la soirée lors d’une allocution télévisée. Une enquête est en cours.

Questions après deux explosions meurtrières à Beyrouth

(...) Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une première explosion sur le port, suivie d’une autre, beaucoup plus forte avec une onde de choc parfaitement visible qui provoque un gigantesque nuage de fumée. Les déflagrations ont fait trembler les immeubles et brisé des vitres à des kilomètres à la ronde. (...)

Mardi soir il était évidemment trop tôt pour savoir exactement ce qui s’est passé. Le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a indiqué que les explosions étaient peut-être dues à des « matières explosives confisquées depuis des années », mais ajouté que l’enquête en cours devrait déterminer « la nature exacte de l’incident ». Des précautions de langage alors que toutes les hypothèses couraient déjà dans la capitale libanaise qui avait été en grande partie détruite durant la guerre civile qui s’était déroulée de 1975 à 1990. De nombreux habitants ont immédiatement pensé à un attentat. Mais qui ? Pourquoi ? (...)

Les responsabilités doivent être rapidement établies afin de rassurer une population déjà déstabilisée. Ces explosions surviennent alors que le Liban connaît sa pire crise économique depuis des décennies, marquée par des licenciements massifs, d’importantes coupures d’électricité et des restrictions bancaires drastiques.