Confrontée à des difficultés sociales majeures révélées par le mouvement du printemps 2017, la Guyane s’apprête à débattre d’un grand projet minier porté par un consortium russo-canadien, et soutenu par de nombreux élus locaux, de même que par le président Emmanuel Macron. Misant sur un modèle de développement aux conséquences environnementales bien connues, et aux retombées économiques fortement contestées, le projet suscite une forte opposition, notamment représentée par le collectif « Or de question », qui regroupe une centaine d’organisations.
(...) Une mine d’or à ciel ouvert sur 2,5 km
Depuis plusieurs mois, la Guyane est divisée par ce projet minier d’une envergure encore inconnue dans cette région d’Amazonie. Le moment où promoteurs et opposants à l’exploitation de la Montagne d’or débattront directement se rapproche. De mars à juin 2018, un débat public aura lieu en Guyane. En attendant ces rencontres organisées par la Commission nationale du débat public, chacun affine ses arguments. (...)
Parmi les opposants, la Fondation de Nicolas Hulot (...)
En novembre 2017, Or de question a reçu un prix de la Fondation Danielle Mitterrand. Un choix qui permettait de « mettre en avant le fait qu’on a besoin d’avoir aujourd’hui des mouvements associatifs qui soient radicaux et qui puissent dire clairement non aux multinationales. La radicalité est saluée », s’était réjoui Emmanuel Poilane, directeur général de la fondation France Libertés-Danielle Mitterrand, lors d’un déplacement en Guyane en septembre 2017, relate le site d’information Guyaweb.
En octobre 2017, Emmanuel Macron a néanmoins réitéré son soutien au projet. Le ministre de la « Transition écologique et solidaire » Nicolas Hulot, dont la fondation est membre du collectif Or de question, y est quant à lui défavorable. (...)
Dix tonnes de cyanure utilisées chaque jour
Si elle reçoit les autorisations administratives nécessaires, la compagnie minière envisage de lancer les travaux dès 2019, puis d’exploiter le site pendant douze ans, de 2022 à 2034. Elle table sur un gisement de 85 tonnes d’or et une teneur de 1,6 gramme d’or par tonne de roche broyée. Le minerai sera traité dans une usine de cyanuration permettant d’extraire l’or. Un procédé qui susciterait l’utilisation de dix tonnes de cyanure par jour et génèrerait quotidiennement 66 000 tonnes de rejets stériles stockées dans des cuves de rétention, d’après les calculs d’Or de question, qui compte parmi ses soutiens l’association Ingénieurs sans frontières - Systèmes extractifs (ISF Syst-Ext), composée d’ingénieurs miniers. Les accidents de rupture de digues des bassins à résidus miniers entraînent, quand ils se produisent, des pollutions majeures, comme cela fut le cas au Brésil en 2015 (...)