
Ce lundi, alors que la neige continue de tomber sur la préfecture de Fukushima, nous sommes allés à la rencontre d’agriculteurs du village d’IItate, situé à 39 km au nord-ouest de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.
Ce sont leurs témoignages que je souhaite partager aujourd’hui, parce que c’est leur souhait : que le plus grand nombre de personnes sachent.
Des hommes en colère
Kenichi Hasegawa est fermier dans la région de Fukushima. Il vit à une trentaine de kilomètres de la centrale nucléaire. Depuis la catastrophe il se sent investi d’une mission : celle de raconter son histoire et de la faire connaître au monde entier. Avant, son village était un havre de paix, en pleine nature. Depuis, les zones interdites se sont multipliées, les terrains abritant des matériaux contaminés ont remplacé les champs. De toute manière, les champignons et légumes qui y poussaient ne pouvaient plus être consommés.
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M. Hasegawa est en colère.
En premier lieu contre le gouvernement qui a caché la vérité aux habitants. Pendant un mois entier, après la catastrophe, les officiels ont nié la réalité et tenté de rassurer la population locale en disant que le taux de radioactivité était normal. Et puis, soudainement, fin avril 2011, le ton a changé et il fallait évacuer les lieux immédiatement. Trop tard, rappelle le fermier. Tout le monde avait été exposé pendant plus d’un mois. Mais comme personne n’était équipé d’un dosimètre, impossible de connaître précisément les doses reçues par les habitants.
Trois ans après, l’amertume reste vive : “Aujourd’hui le gouvernement ment sur le travail de décontamination comme il l’a fait sur l’exposition aux radiations juste après la catastrophe“. M. Hasegawa explique que les postes de mesures de la radioactivité installés par les autorités dans les rues de son village, Iitate, ne sont pas fiables. (...)
Un sentiment d’abandon
Hiroshi Kanno, lui aussi agriculteur dans le village d’Iitate, a perdu espoir. Il ne voit plus ses petits-enfants qui ont peur de venir dans la région. “Pourquoi doit-on souffrir autant ? Le Japon ne vient pas en aide à ses propres citoyens. Nous, habitants de la préfecture de Fukushima, avons l’impression que le pays se moque de notre sort et que nous ne comptons pas“. (...)
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