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PHILOSOPHIE - Les fondements du pouvoir
Article mis en ligne le 25 avril 2015
dernière modification le 16 avril 2015

Au cœur du politique, le pouvoir suscite respect et fascination, tout en étant parfois décrié dans son fonctionnement ou sujet à des crises de représentation. Le pouvoir s’impose sans que l’on s’interroge toujours sur les fondements de celui-ci et sur sa légitimité.

Les fondements du pouvoir sont aussi énigmatiques que les effets qui en découlent, parmi lesquels un jeu des apparences ou la hiérarchie entre individus qu’il fonde. De la fonction occupée par l’homme de pouvoir au respect qui lui est dévolu, s’intercale l’amplitude d’un curieux jeu de rôle, cet espace où peut se déployer la meilleure sagesse comme la pire arrogance. De la question de la légitimité du pouvoir émerge un florilège de questionnements, de paradoxes et de points obscurs. Quelle est la part de l’imagination et des apparences dans les fondements et dans l’exercice du pouvoir ? (...)

Aux fondements du pouvoir : force et contingence

L’autorité du pouvoir politique procède d’une opération de légitimation qui vient donner une assise à un pouvoir qui est originairement dénué de toute légitimité naturelle. Raphaël Enthoven souligne la distinction entre pouvoir et puissance : le pouvoir mesure sa force à son degré d’expansion alors que la puissance n’a pas besoin de manifestation spectaculaire, se satisfaisant d’elle-même à la manière d’une liberté intransitive. De fait, le pouvoir est mal assuré et fait usage de signes visant à convaincre et asseoir son autorité (signes architecturaux, vestimentaires, de solennité, etc.), devenant du même coup imposant, alors qu’il est vide du point de vue de la légitimité elle-même, selon Christian Lazzeri. Car le fondement premier du pouvoir est la force, pour Pascal (...)

Pour perdurer, le pouvoir trouve ainsi deux recours différents qui permettent de l’affermir, selon Raphaël Enthoven : soit à travers une légitimation opérée par le droit, en aval – une fois le pouvoir obtenu –, soit à travers la coutume. Cette dernière, qui se confond avec l’opinion publique – et avec le despotisme sournois des idées reçues – est effectivement créatrice de légitimité. La légitimation du pouvoir par la coutume consiste en une théorie du fait accompli, où la durée d’établissement du pouvoir se porte garante de sa légitimité. Ainsi, on déduit qu’un pouvoir qui était accepté jusqu’ici repose forcément sur des raisons légitimes : on ratifie la coutume qui cristallise un pouvoir qui originairement s’était fondé sur quelque chose qui n’avait rien à voir avec la coutume. (...)