Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Les technologies bouleversent le quotidien pour mieux conserver le système
Article mis en ligne le 29 mars 2017

Les candidats à la présidentielle acceptent tous le caractère inéluctable du développement technoscientifique. Pourtant, explique l’auteure de cette tribune, l’obsession de l’innovation précipite la destruction de la planète. Il faut contester la technologie.

Robotique, objets connectés, bio et nanotechnologies, chimie de synthèse... Parce que l’innovation est le principal moteur de la croissance qui dévore la planète, Reporterre publie une série de tribunes visant à démythifier le progrès et faire de la recherche scientifique un terrain de controverse et de luttes
(...)

un monde où le développement industriel ne cesse de s’amplifier, poursuivant la même prédation effrénée de ressources minérales et énergétiques au détriment des populations les plus pauvres, la même production massive d’objets de consommation par des cohortes de travailleurs et de travailleuses exploitées, les mêmes territoires dévastés. Qu’elle se présente sous la forme d’une recherche publique planifiée en vue de l’essor industriel (modèle des Trente Glorieuses) ou sous la forme néolibérale de la recherche partenariale visant brevets et start-up, l’innovation, comme l’a montré l’économiste Schumpeter, est la force motrice du capitalisme. Et quand elle le corrige, c’est pour le réinventer. (...)

La « voiture autonome » n’est qu’un petit exemple, déclinable à l’envi à propos des robots, des capteurs, des objets connectés… Le coût humain et écologique de l’électronique est déjà insoutenable. C’est en partie du fait de sa voracité en métaux que la production mondiale de minerais, la plus ravageuse des industries, a bondi de 60 % entre 2000 et 2012. Les rapports alarmants se multiplient sur les pollutions irrémédiables des usines de circuits imprimés et de semi-conducteurs, en Chine, au Mexique, aux Philippines et ailleurs. Le volume de déchets électroniques jetés chaque année atteint plus de 40 millions de tonnes. Le développement exponentiel de l’infrastructure numérique a une lourde responsabilité dans l’augmentation effrénée de la consommation mondiale d’électricité, qui a bondi de 35 % entre 2004 et 2013. Que pèsent les prétentions écologiques des réseaux intelligents ou celles de l’agriculture de précision high-tech par rapport à l’impact écologique global de ces innovations ?