En 2024, Paris accueillera les Jeux olympiques d’été. Les auteurs de cette tribune s’indignent des mensonges de la communication officielle autour de cet événement, qui tait notamment le déni de démocratie à l’œuvre et l’intention, au-delà des Jeux, d’accélérer l’urbanisation et la métropolisation de l’Île-de-France.
Le Comité d’organisation des Jeux olympiques (COJO) se présente désormais comme le bon élève de la classe : dépassements budgétaires, promesses inconsidérées, projets aventureux, tout cela est oublié. Désormais, le COJO se veut vertueux. Il vient de trancher dans le vif et de décider, en accord avec le Comité international olympique (CIO), ce qui sera fait ou pas pour les JO de 2024, et ce dans le cadre d’une enveloppe qui, jure-t-il, ne sera pas dépassée.
Hélas, nous sommes loin du compte. Le meilleur moyen de ne pas dépasser un budget consiste pour le COJO à ne pas inclure certaines dépenses pourtant nécessaires : celles relatives à la sécurité sont toujours très fortement sous-évaluées, comme celles relatives à l’accélération du métro automatique Grand Paris Express. Comment peut-on parler de « sobriété » alors que les dépenses publiques programmées atteignent déjà un milliard et demi d’euros ?
L’organisation des JO souffre d’une tare originelle qui est le déni de démocratie(...)
Un décret déclare « opération d’intérêt national » toute opération liée aux JO
Le COJO persiste à parler de « Jeux inclusifs », d’« héritage » et de « transparence ». Quelle inclusion, quelle transparence alors que la loi Olympique récemment votée suspend les règles d’urbanisme relatives aux expropriations mais aussi aux accrochages des panneaux publicitaires sur les monuments historiques. (...)
Pire : l’argent des Offices publics de HLM est mobilisé pour la construction du Village olympique et du Village médias (art. 12 de la Loi). Alors que le mal-logement est criant, cet usage de l’argent destiné au logement social ne peut susciter que l’indignation.(...)
Un prétexte pour artificialiser à grande échelle des espaces naturels d’Île-de-France
Par ailleurs, le beau discours écologique tenu par la Ville de Paris fait long feu quand on connaît certains détails(...)
La réalité est que l’opération JO est mise au service d’un projet plus vaste, celui d’une métropolisation de Paris : l’idée est de profiter des JO pour faire de Paris et de l’Île-de-France une vaste métropole « connectée » organisée en « pôles d’excellence ». La nomination de l’architecte Roland Castro confirme cette vision à courte-vue et de peu d’intérêt d’un aménagement du territoire en zones spécialisées, où les problèmes de l’accès au logement ne sont traités que par l’éloignement des populations les plus modestes, par la gentrification des zones centrales et où le renchérissement du foncier est porté par une spéculation sans fin. En somme, les JO sont l’occasion d’une fuite en avant dictée par une logique libérale qui voit s’intensifier des zones urbaines alors que des portions entières du territoire français se désertifient.
Il est temps que la question des JO devienne une question politique et ne soit plus traitée à grand renfort d’artifice de communication.