Les permis, qui seront accordés au « cas par cas », mettent fin à une interdiction prise par Obama et contredisent des déclarations publiques de Trump.
La chasse aux trophées va-t-elle être relancée par l’administration américaine ? La question est ouverte alors que les Etats-Unis ont discrètement réautorisé les chasseurs à importer sur le territoire américain des morceaux de gros gibier, notamment des défenses d’éléphants et des peaux de lion, tués dans certains pays africains. (...)
Tout a commencé il y a près de quatre mois, quand l’US Fish and Wildlife Service (FWS), l’organisme fédéral qui s’occupe de la gestion et la préservation de la faune aux Etats-Unis, a déclaré qu’il autoriserait à nouveau l’importation de trophées de chasse à l’éléphant tués au Zimbabwe et en Zambie. Une telle mesure est de fait permise par la loi américaine sur les espèces en danger (Endangered Species Act), à condition d’apporter la preuve que la chasse, par les fonds qu’elle génère – jusqu’à 50 000 dollars (40 600 euros) pour un éléphant ou un lion –, bénéficie à la conservation des espèces.
La mesure avait alors suscité une levée de boucliers de la part des associations de défense des animaux. Une photo du fils aîné du président posant couteau et queue d’éléphant en mains, à côté d’une carcasse, avait circulé sur les réseaux sociaux, renforçant l’indignation de l’opinion publique. (...)
le 1er mars, l’agence supervisée par le secrétaire à l’intérieur Ryan Zinke, lui-même mordu de chasse, a publié une note officielle confirmant la levée de l’interdiction prise par Obama. Elle élargit par ailleurs cette mesure aux trophées de pachydermes, de lions et de blesboks (un type d’antilope) chassés dans six pays – le Zimbabwe, la Zambie, la Tanzanie, l’Afrique du Sud, le Botswana et la Namibie. (...)
La note du FWS justifie ce revirement par une décision de justice, rendue en décembre 2017 par la cour d’appel des Etats-Unis pour le circuit du district de Columbia. Faisant suite à une plainte du Safari Club International, une organisation internationale de chasseurs, et de la National Rifle Association, le puissant lobby américain des armes (...)
Le plus grand mammifère terrestre du monde, l’éléphant d’Afrique, a vu ses effectifs chuter de plus d’un tiers entre 2007 et 2014, pour atteindre 415 000 individus, sous l’effet de la destruction et de la fragmentation de son habitat naturel mais surtout du braconnage. Les mêmes menaces pèsent sur les lions, dont les deux tiers ont disparu au cours des cinquante dernières années, pour atteindre 32 000 individus.
La question de la chasse aux trophées, légale dans une trentaine de pays africains, divise davantage les experts. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, cette activité peut être un outil de conservation comme une menace pour les espèces selon la manière dont elle est gérée et régulée.
L’organisation estime que ce secteur, qui rapporte 200 millions de dollars par an, peut financer des gardes pour protéger la faune sauvage. Mais souvent, la majorité des fonds n’atteint jamais les communautés locales – entre 3 % et 5 % seulement – ne les incitant pas à arrêter le braconnage et le développement des zones agricoles.
Par ailleurs, les quotas fixés – pour les lions – sont régulièrement trop élevés, non respectés ou visent des animaux trop jeunes, selon une étude scientifique publiée dans PLOS ONE en 2013. De quoi faire dire aux ONG qu’il y a d’autres moyens de conserver les espèces que de les tuer.