
Ce vendredi 19 janvier, le secrétaire d’État Sébastien Lecornu lance un comité de pilotage destiné à imaginer un nouvel avenir pour Fessenheim après l’arrêt de ses deux réacteurs, prévu fin 2018. Les élus locaux sont inquiets et les associations redoutent une nouvelle activité atomique sur le site.
Préparer l’avenir du territoire après la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim avec des élus et des acteurs économiques locaux qui y sont majoritairement hostiles. C’est l’exercice délicat auquel se livre Sébastien Lecornu, en visite à Fessenheim (Haut-Rhin) du jeudi 18 au samedi 20 janvier. Après avoir rencontré, jeudi, les syndicats de la centrale et le maire de Fessenheim, le secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire doit installer un comité de pilotage pour l’avenir du territoire, ce vendredi à 9 h, à Colmar, siège de la préfecture du Haut-Rhin.
Pour l’heure, la composition exacte du comité, d’une soixantaine de membres, n’est pas connue (...)
Première préoccupation à laquelle va devoir répondre le comité : le chômage. Deux mille emplois directs et indirects seraient menacés par la fermeture. Curieusement, les 850 agents EDF de la centrale ne sont pas les plus menacés. (...)
Vingt années de travail avant la fin du démantèlement
Cependant, la fermeture d’une centrale nucléaire ne se fait pas en un jour. « Il faut d’abord épuiser le combustible, puis le mettre dans la piscine de désactivation et l’y laisser quelques années avant de l’envoyer à La Hague en vue de son retraitement, dit à Reporterre Jean-Luc Cardoso, délégué syndical CGT de la centrale. Ensuite seulement on pourra procéder au démantèlement. » Compter cinq ans pour la première étape, quinze ans pour la seconde ; soit vingt années durant lesquelles certains agents EDF de la centrale continueront à travailler sur le site. (...)
La situation est plus préoccupante pour les quelque 350 agents prestataires qui, du fait qu’ils travaillent pour des entreprises sous-traitantes, ne bénéficient pas du statut protecteur des IEG. Sans compter les emplois indirects. (...)
Par ailleurs, EDF reverse chaque année près de 15 millions d’euros de taxes aux collectivités locales. Lesquelles attendent une compensation de l’État, qui a déjà signé en janvier 2017 un accord avec EDF pour une indemnisation de 490 millions d’euros (plus une part variable calculée sur le manque à gagner pour l’électricien jusqu’en 2041).
Comme ces compensations ne seront pas éternelles, il s’agit également d’attirer de nouvelles activités sur le territoire, qui ne manque pas d’atouts : cinq universités dans un rayon de cent kilomètres, la proximité du Grand Canal d’Alsace, de l’Allemagne et de la Suisse. (...)
Greenpeace souligne de son côté que le site est implanté sur une « ceinture solaire » au riche potentiel en énergie photovoltaïque. (...)
Le développement des énergies renouvelables permettrait de rassurer certains élus locaux, inquiets — à tort selon M. Lecornu — pour l’approvisionnement en électricité du territoire après la fermeture de la centrale nucléaire. « En 2017, la centrale de Fessenheim n’a fourni que 1 % de la production totale d’électricité en France. C’est moins que l’énergie solaire produite dans l’Hexagone, assure-t-on à Greenpeace. En plus, la centrale est vétuste et fonctionne mal (...)
La crainte des associations est que l’ancienne centrale soit reconvertie en un nouveau site nucléaire. « Il y a quatre ou cinq ans, Francis Rol-Tanguy, délégué interministériel à la fermeture et à la reconversion de la centrale nucléaire de Fessenheim, nous a demandé ce que nous penserions de l’installation d’une usine de décontamination de l’acier irradié. Ce jour-là, notre colère a été terrible », se souvient André Hatz. Il n’a pas entendu parler de ce projet depuis. Mais EDF a déjà indiqué qu’il serait partie prenante de l’avenir du site et M. Lecornu a indiqué que « la région Grand Est [était] légitime à structurer sa filière de compétence en matière d’énergie, y compris nucléaire. Il y a déjà le projet Cigéo de Bure, dans la Meuse, mais aussi des centrales électriques et des centres de maintenance ». (...)