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Orient XXI
L’image, arme de la guerre d’indépendance algérienne
Article mis en ligne le 14 avril 2022
dernière modification le 13 avril 2022

Pendant la guerre d’indépendance algérienne, la photographie et le film ont constitué une arme largement utilisée par les deux camps en présence, dans un contexte marqué par une profonde inégalité de moyens, tant en termes de production que de diffusion. Toutefois, le rapport de forces s’inverse à mesure que l’on passe de l’échelle locale à l’internationale. (...)

Utilisée comme moyen d’action psychologique pendant la guerre d’indépendance, l’image est à la fois destinée aux appelés français qu’il s’agit de conditionner, mais aussi aux populations civiles algériennes qu’il faut tenter, par un mélange de terreur et de séduction, de faire basculer définitivement dans le camp de la France. À l’instar du son, cet outil devient un vecteur privilégié pour toucher les masses rurales majoritairement analphabètes. Ainsi, dessins et photos sont intégrés aux tracts, aux affiches, aux brochures distribués lors des séances d’action psychologique dans les villages tandis que des « camions cinéma » sillonnent les campagnes algériennes.

Au service du recensement

Trois Compagnies de haut-parleurs et tracts (CHPT) voient le jour en juin 1956. Elles sont dotées d’un camion cinéma, d’un camion labo-photo et de moyens de reprographie permettant de produire des tracts et des panneaux photographiques en toute autonomie lors de leurs tournées. Les bureaux psychologiques de l’armée (5e bureaux) réalisent des panneaux en kit (photos, légendes, titres et slogans préimprimés, avec un plan de montage) qui sont installés sur les marchés, dans les dispensaires, les cafés maures, les écoles, les bureaux de vote, les camps de regroupement… La propagande visuelle envahit au quotidien l’univers des populations algériennes.
Comme auxiliaires du renseignement, des centaines de milliers de photos sont mises au service de la guerre menée par l’armée française sur le terrain algérien.
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Des campagnes de recensement photographique forcé accompagnant de près les opérations de regroupement de populations touchent alors des millions d’Algériens et d’Algériennes. Les portraits d’identité réalisés dans ce contexte par l’appelé du contingent Marc Garanger témoignent aujourd’hui encore de cette politique coercitive, et de la violence subie par ces femmes obligées de se dévoiler devant l’objectif d’un militaire français (...)

Maîtriser le récit de la guerre

D’un autre côté, l’armée française impose des restrictions strictes au travail des reporters civils sur le terrain. Elle cherche ainsi à s’arroger le monopole de la production et de la diffusion des images, dans le but de maîtriser le récit présenté à l’opinion publique française et internationale. Les journalistes sont soumis à un régime d’autorisations multiples qui limite leur mobilité et l’accès aux zones contrôlées par l’armée. Il n’y a guère que dans les villes qu’ils peuvent travailler vraiment librement.
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