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Le Monde
« Informer sur l’environnement et sa préservation devient de plus en plus périlleux »
Article mis en ligne le 7 juin 2020

Militants écologistes et journalistes sont de plus en plus souvent la cible d’intimidations et les soutiens politiques sont particulièrement faibles, raconte dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».l

Mercredi 3 juin au matin, Pierre Rigaux a retrouvé un jeune renard mort sur le capot de sa voiture. La carrosserie était, à dessein, barbouillée du sang de l’animal. Tout porte à penser qu’il s’agit là d’un nouvel épisode dans l’accumulation de menaces verbales, d’intimidations et d’agressions physiques dont il est l’objet depuis plusieurs mois, et dont il tient la minutieuse chronique. Naturaliste et militant anti-chasse, l’intéressé a pour seuls torts d’user des armes pacifiques qui sont aussi celles des journalistes : la liberté d’aller et venir, d’observer et de publier ses témoignages. Mais la publicité qu’il donne à certaines pratiques de chasse est, semble-t-il, vécue comme un affront par des porteurs de fusil — ils le lui rendent à leur façon. (...)

Cette fois, la brutalité des images qu’il a postées sur les réseaux sociaux, montrant le cadavre du petit animal, a suscité un tel émoi que la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, et sa secrétaire d’Etat, Brune Poirson, ont chacune manifesté, par une brève déclaration sur Twitter, leur soutien au naturaliste.

Du soutien, Pierre Rigaux n’en a jusqu’à présent pas eu beaucoup. Les mains courantes et les plaintes qu’il a déposées auprès de la gendarmerie n’ont jamais eu d’effets ; il dit cette fois vouloir saisir le procureur de la République. (...)

Dans d’autres situations de tensions qui traversent les campagnes, le gouvernement a pourtant pris des mesures singulièrement radicales. En décembre, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner a créé au sein de la gendarmerie une « cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole », baptisée Demeter. Dans les faits, cette cellule a un spectre d’intervention très large puisqu’elle n’est pas seulement dévolue à protéger les agriculteurs des agressions : elle est fondée à agir contre les individus se livrant à « de simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole ».