
Dans les cafés athéniens on sirote d’abord le temps présent. Les medias, toujours si fiers de l’être, peaufinent la préparation des esprits quant à l’accord pressenti, entre la Grèce Tsipriote et la Troïka... institutionnalisée. Alors on chemine. Mémorandum III, dès lors ante portas. Les habitués de l’ouzo et de la petite bière commencent à se dire que le jeu aurait même été conclu par avance.
En attendant, Dieu sait quoi, toujours sous ce régime para-démocrate et de surcroît, du dernier paradoxisme... de gauche, une certaine Grèce fera sa... cueillette dans les bennes à ordures, ira à la pêche dans les eaux saumâtres des ports... comme elle fêtera pour la première fois “son” cannabis à Athènes, très... Belle Époque !
Costas, voisin de l’immeuble et dentiste, observe que sa clientèle se raréfie comme d’ailleurs elle se paupérise. Son épouse, Anna, employée dans une banque avant son récent chômage n’en peut plus : “Je veux quitter ce pays et particulièrement cet État qui ne me donne plus rien en échange des impôts. Bien au contraire, il prépare ma propre mort... m’obligeant à creuseur moi-même ma tombe. J’ai dit à Costas qu’il va falloir nous renseigner, il pourrait exercer en Angleterre, en France ou en Suisse. Il parle déjà très bien anglais et français. Mais il ne veut absolument pas quitter la Grèce. Il a tort, il dit que nous sommes trop âgés pour une telle aventure, alors que faire ?.” (...)
Il ne faut pourtant pas penser que tous les Grecs soient forcement concernés par la paupérisation. Anna dont le frère est comptable, nous a fait part de sa dernière expérience maintenant que la prochaine histoire se précise pour certains concitoyens... très volontairement défiscalisés. Son frère lui a raconté que plus de cinquante mille Grecs ont été convoqués par l’Administration fiscale ; ils doivent expliquer comment ils ont pu posséder certains capitaux notamment. (...)
L’atmosphère grecque demeure pourtant bien mixte, d’une mixture par essence peu claire on dirait. Une affiche forcement militante rappelle ainsi combien les patrons... “surpressent” leurs employés en ce moment (et depuis un moment), sous l’explication alors générique : “C’est la faute à la Troïka” !
Ailleurs, un autocollant... résistant, remémorant les luttes depuis 1944, avait été appliqué sur une surface rappelant le cofinancement par l’UE d’une installation de gaz de ville, autocollant à moitié déchiré par la suite. Mélanges toujours. (...)
Accord donc supposé imminent entre la Grèce et les... “Institutions”, “menaces de Grexit et de Brexit, les investisseurs sont soumis à rude épreuve en ce début mai” prétend en conséquence une certaine presse économique, alors on chemine droit devant en sirotant le temps encore présent.