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la relève et la peste
Des naturalistes ont bouché les canalisations de maïsiculteurs qui asséchaient une tourbière
#tourbieres #eau
Article mis en ligne le 19 avril 2023
dernière modification le 18 avril 2023

Ce chantier écologique s’est doublé d’une action plus défensive, mais tout aussi simple durant laquelle les naturalistes ont maçonné, avec de la pierre et du ciment, une canalisation agricole qui asséchait le pourtour de la tourbière.

Pour sa première action, le nouveau collectif des « Naturalistes des Terres » s’est rendu jusqu’à la tourbière du Bourdet, dans les Deux-Sèvres, afin de reboucher une canalisation qui drainait l’eau de cette zone humide au profit des champs de maïs alentour.

Située au cœur du marais poitevin, non loin de Niort et à seulement une heure de Sainte-Soline, la tourbière du Bourdet abrite, sur une vingtaine d’hectares, 260 espèces de plantes et d’animaux, dont de nombreuses possèdent un statut de protection.

Classé parmi les ZNIEFF de type 1, ce milieu unique et plutôt rare est aussi l’objet, depuis 1990, d’un arrêté préfectoral de protection de biotope (APPB) qui en reconnaît la fragilité, et est censé en protéger l’équilibre. (...)

Les agriculteurs ont la main par défaut

Dans les faits, pourtant, toutes les terres autour du cœur de cette zone humide – qui auraient dû rester des prairies – sont asséchées par un réseau d’ouvrages hydrauliques qui permettent aux agriculteurs locaux d’y cultiver jusqu’à deux fois l’an du maïs.

« Il n’y a aucune gestion commune de l’eau dans ce territoire, continue Thomas. Résultat : ce sont les agriculteurs et les agricultrices qui s’en emparent ; et ceux-ci ont besoin de terres très fertiles, les prairies humides, mais débarrassées de leur humidité. »

La conséquence directe de cette vidange, c’est un assèchement généralisé : raréfaction de l’eau potable en période estivale, disparition d’espèces et diminution, d’année en année, du niveau des sols – la tourbe elle-même –, mettant en péril les arbres et les plantes dont les racines finissent à nu.

Bref, la tourbière disparaît pour des intérêts économiques. (...)

Un chantier et une action défensive

Pour inverser ce lent dépérissement, une dizaine de membres du collectif des Naturalistes des terres ont mené, mercredi 12 avril, une double action de « renaturation » du site du Bourdet. (...)

Un mot sur le collectif

Réunissant déjà plus de 700 professionnels ou amateurs à travers la France, le collectif des Naturalistes des Terres a été créé pour mettre en lien des connaisseurs de la nature engagés, avec des habitants des territoires, qui bien souvent prennent part à des luttes locales.

Partant du constat de leur isolement et de la « croissance effrénée des projets » destructeurs du vivant, les membres fondateurs du collectif souhaitent « doter [leur] pratique d’une portée politique et en revendiquer la dimension nécessairement anticapitaliste », comme ils l’écrivent dans leur appel publié par la revue Terrestres en février dernier. (...)

Contre-expertises, inventaires indépendants pour contrecarrer des projets sur le plan réglementaire, balades ornithologiques et naturalistes, rencontres et diffusion du savoir : les Naturalistes des Terres ouvrent leurs disciplines au public, et promeuvent une sensibilité renouvelée au vivant.