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L’Humanité
Contre-budget proposé par les députés insoumis : « Un budget pour l’intérêt général, pas pour les hyper-riches »
Article mis en ligne le 6 novembre 2017

Les députés insoumis ont présenté, jeudi, un contre-budget à la fois inspiré de leur programme présidentiel et des amendements déposés pour modifier le projet de loi de finances d’Emmanuel Macron.

Un budget au service des « hyper-riches » n’est pas une fatalité. Une politique où « l’humain reprend le pouvoir sur la finance » est possible. Les députés de la France insoumise (FI) ont voulu le démontrer, jeudi, en présentant un contre-budget juste avant que l’Assemblée nationale ne poursuive l’examen de la partie dépenses du budget 2018. « Nous avons privilégié les hypothèses les plus prudentes », a d’emblée lancé Éric Coquerel, qui a animé ce travail. « Nous nous plaçons dans un cadre peu favorable, avec un multiplicateur budgétaire mesuré : 1 point de dépense publique rapporte 1,4 point à l’économie », ajoute l’élu, qui précise avoir voulu « jouer avec les règles de l’adversaire ». Si la FI reprend dans son budget une grande partie du chiffrage présenté durant la campagne présidentielle, elle a préféré exclure plusieurs potentielles retombées liées à son action si elle était au pouvoir (protectionnisme solidaire, refonte du processus européen et gel des dettes souveraines).

Le cadre restant s’avère assez large pour s’opposer radicalement à Macron. Là où le gouvernement s’adresse aux riches et baisse la dépense publique de 15 milliards d’euros dès 2018, les insoumis proposent de l’augmenter de 173 milliards sur cinq ans. En contrepartie, 170 milliards de nouvelles ressources fiscales par an sont prévus (dont 33 de prélèvements obligatoires, 40 liés à la lutte contre la fraude fiscale, 38 d’abrogation des « niches fiscales antisociales et antiécologiques », 55 liés à la relance de l’activité et 11 à la suppression du Cice – le reste alimentant un fonds de solidarité interentreprises conditionné).

Pour la création d’une TVA grand luxe

Un renforcement de l’ISF, de la fiscalité sur l’héritage et une TVA grand luxe sont proposés. L’impôt sur le revenu est, lui, réformé avec la création de 14 tranches, avec un taux de 1 % de 1 000 à 10 000 euros et de 90 % au-dessus de 400 000. (...)

Là où le gouvernement prétend relancer l’investissement avec 20 milliards d’euros de cadeaux aux plus fortunés dès 2018 (réformes liées à l’ISF, au PFU, à l’impôt sur les dividendes et sur le revenu), selon les calculs de la FI, l’économiste Liem Hoang-Ngoc dénonce une supercherie : « Tout cela incite à détenir des actions et à demander plus de gains. Cela va gonfler l’épargne plutôt que l’investissement. » (...)

La FI propose en outre un « choc d’investissement » de 100 milliards d’euros sur cinq ans, dont 50 liés à la transition écologique. « C’est une urgence absolue. Il faut investir maintenant pour ne pas courir à la catastrophe », prévient la députée Mathilde Panot. (...)

À cette relance de l’activité par le partage des richesses et la planification écologique, la FI propose une augmentation du Smic et des salaires, rappelant que, selon la CGT, une hausse de 1 % des salaires rapporte 2,5 milliards d’euros de cotisations sociales. L’égalité salariale entre les femmes et les hommes permettrait ici de financer la retraite à 60 ans, là où le gouvernement attaque les cotisations et augmente la CSG…

En plus d’augmenter largement le budget de chaque ministère, et de prévoir 45 milliards pour l’urgence sociale, la FI table sur une croissance à 2,1 % par an, une dette publique qui tombe de 96 % à 87 % en 2022, tout en rappelant que la seule qui vaille est celle liée à la planète. D’où la promotion de la règle verte, pour « ne pas consommer davantage que ce que la Terre peut reconstituer », insiste Éric Coquerel.