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BASTA !
« Combien de jeunes mis à la porte en plein confinement, car ils ont la malchance d’avoir eu 18 ans ? »
Article mis en ligne le 24 avril 2020

Le jour de ses 18 ans, en plein confinement, Mohammed-Lamine est jeté à la rue par l’Aide sociale à l’enfance d’Avignon, sous prétexte qu’il n’est plus mineur. Une décision de justice a invalidé cette expulsion, mais l’histoire de ce jeune mineur isolé illustre ce qui arrive à un bon nombre d’adolescents. (...)

Voici la tribune de deux associations, le Réseau éducation sans frontières et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples, du Vaucluse. (...)

Tandis que la France est arrêtée et que celles et ceux qui ne travaillent pas doivent éviter les contacts avec l’extérieur, le département de Vaucluse, par le biais de l’Aide sociale à l’enfance, met un jeune à la porte avec pour seul viatique le numéro d’urgence, le 115. Il se retrouve, le soir de ses 18 ans, dans un hébergement collectif, confiné dans une chambre avec deux adultes inconnus. Pourquoi faire courir un risque de contamination à ce jeune ? Pourquoi charger un peu plus les services d’hébergement d’urgence dont le travail est déjà bien compliqué en cette période de pandémie et de confinement ?

Mohammed-Lamine a eu la chance d’être accompagné par des bénévoles et a pu être pris en charge. Mais combien de jeunes vont être mis à la porte du jour au lendemain, en plein confinement, car ils ont la malchance d’avoir eu 18 ans ? (...)

L’accompagnement de l’ASE, déjà minimal en temps normal, est plus faible encore en ces temps particuliers. Aucun accompagnement, par exemple, pour suivre la précieuse « continuité pédagogique » préconisée par notre gouvernement : pas d’ordinateur, pas d’accès à internet, aucune aide pour comprendre les plateformes de devoirs en ligne difficilement accessibles à des jeunes parfois peu à l’aise avec l’outil informatique. Mais ils sont nourris, logés et doivent rester à l’hôtel. On peut espérer qu’ils sont relativement protégés du virus. 
Pourquoi alors briser ce confinement et mettre en danger leur santé et celle des autres ? 

La promesse non tenue du secrétariat d’État chargé de la Protection de l’enfance

Aucun membre du personnel de l’ASE n’est disponible, mais une assistante sociale s’est déplacée en personne pour annoncer à un jeune qu’il doit partir, le jour de ses 18 ans, sans lui donner d’autre alternative que d’appeler le 115, et en prenant bien soin de prévenir le gérant de l’hôtel afin qu’il « surveille » que le jeune quitte effectivement sa chambre.
Pourquoi avoir pris cette initiative au mépris de l’article L222-5 du code de l’action sociale et des familles dans sa version en vigueur au 16 mars 2020 qui stipule que « Un accompagnement social est proposé aux jeunes devenus majeurs […] pour leur permettre de terminer l’année scolaire ou universitaire engagée ». Les directives ont pourtant été envoyées aux départements dès le 21 mars 2020 et le secrétaire d’État chargé de la Protection de l’enfance a déclaré dans un tweet le 22 mars : « Chaque mineur pris en charge par l’aide sociale à l’enfance et atteignant 18 ans continuera de l’être. Évalué mineur ou majeur, chaque jeune qui le demande sera mis à l’abri. Les services de l’état et des départements sont mobilisés pour s’en assurer »....
Dans l’urgence, un référé à été déposé par l’avocate de Mohammed-Lamine. Fort heureusement le juge s’est prononcé pour une reprise en charge par l’ASE sous 48h.

« La protection de ces jeunes particulièrement vulnérables doit être une nécessité absolue »

Militant depuis des années pour une meilleure prise en charge des mineurs étrangers isolés et un meilleur accompagnement à leur majorité, les associations soussignées exigent la suspension des « sorties sèches » du dispositif de protection pendant toute la période du confinement.

Nous profitons de cette tribune pour rappeler que dans la France entière, des centaines de jeunes dont les départements refusent la prise en charge au mépris des Droits de l’enfant et de la protection que l’État doit à tout jeune mineur, sont aidés par des bénévoles et hébergés dans des squats ou par des citoyens solidaires. Malheureusement, dans les grandes villes surtout, les réseaux associatifs ne peuvent suffire et nombre de jeunes vivent dans la rue, exposés à tous les dangers.
Alors que notre pays est confronté à une crise sanitaire sans précédent, la protection de ces jeunes particulièrement vulnérables doit être une nécessité absolue.