
Ce mardi matin, alors que les opérations militaires se faisaient plus rares et que les négociations de coulisses tentaient d’amener une trêve à Gaza, le journaliste Charles Enderlin tempérait les espoirs d’un simple « tweet » :
« Au Proche-Orient, les cimetières sont peuplés d’optimistes.
Remarque cynique d’un vieux routier de la région, auteur de plusieurs livres sur les « occasions manquées » de la paix, ou coup de déprime alors que les armes, une fois de plus, parlent le plus fort ? (...)
Une immense majorité d’Israéliens soutient l’opération « Pilier de défense » lancée par le gouvernement contre les lanceurs de roquettes de Gaza qui sèment la peur, et parfois la mort, dans une partie de plus en plus grande du territoire israélien.
Certains, comme Gilad Sharon, le fils de l’ancien premier ministre Ariel Sharon, vont même plus loin en appelant carrément à réduire la bande de Gaza en poussière, faisant le parallèle avec Hiroshima et Nagasaki frappés par les bombes atomiques américaines pour amener le Japon à se rendre...
Les opposants à la guerre n’étaient que quelques centaines à manifester dimanche en Israël, et la voix des partisans de la paix a rarement été aussi marginalisée. (...)
La stratégie globale de Netanyahou est payante, même si elle est à courte vue. Il est parvenu à enterrer toute velléité de reprise du processus de paix par son intransigeance sur la poursuite de la construction des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et en menant la vie dure à l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.
Dans le même temps, la politique de Netanyahou du fait accompli développe le peuplement israélien dans les territoires occupés de Cisjordanie et de Jérusalem-Est de manière qu’il espère irréversible, tuant sans le dire la possibilité d’un Etat palestinien viable à côté d’Israël, une politique des « deux Etats » qu’il a fini par soutenir – au moins en paroles. (...)
Pour autant, le premier ministre israélien sortira-t-il réellement gagnant de l’actuelle confrontation avec le Hamas, devenu paradoxalement son principal interlocuteur, par les armes ou par la négociation indirecte ? En discréditant ses interlocuteurs modérés, il ne lui restera plus un jour que les radicaux en face de lui.
La stratégie de la tension est aussi à rapprocher de la volonté de Benyamin Netanyahou de frapper un jour l’Iran et son programme nucléaire, avec ou sans le feu vert de Washington. (...)
Pour l’heure, la confrontation permet au Hamas de renforcer son emprise sur les populations de la bande de Gaza, de mettre encore plus sur la touche le malheureux Mahmoud Abbas au moment où il va demander, le 19 novembre, la reconnaissance de l’Assemblée générale des Nations Unies. Elle permet aussi au Hamas de tester ses nouvelles alliances internationales. (...)
Quand Israël et le Hamas s’affrontent, le grand perdant est nécessairement la paix. Non seulement parce que les armes ont la parole, mais aussi parce que les deux belligérants ont le même objectif pour des raisons diamétralement opposées : empêcher une paix basée sur un compromis historique dans lequel chacun ferait des concessions. (...)
En attendant, les Israéliens courent aux abris, les Palestiniens de Gaza meurent sous les bombes, les Syriens fuient leur pays et meurent en plus grand nombre encore, les Libanais s’inquiètent... Et l’impuissance internationale n’a jamais été aussi forte dans cette région du monde.